La Montagne (Clermont-Métropole) 25 juin 2016 Patrice Campo
Nouvelles règles à fixer pour encadrer l’importexport ; incertitudes sur les investissements britanniques en cours ou en projets sur le territoire : l’économie auvergnate aborde une période incertaine avec un de ses partenaires privilégiés.
«No comment ». C’est, pour le dire en anglais, la réaction du groupe Michelin au Brexit, après notre sollicitation, hier. Comme d’autres acteurs économiques majeurs, le manufacturier, qui possède trois sites de production au RoyaumeUni (StokeonTrent, Dundee et Ballymena) attend d’y voir plus clair pour se prononcer.
Les conséquences immédiates du Brexit seront d’abord politiques et agitent d’ores et déjà les marchés financiers. Mais sur l’activité économique proprement dite, la sortie britannique de l’Union européenne ouvre une période incertaine, pour ses partenaires européens et pour l’Auvergne en particulier, qui durera des mois.
Au premier trimestre 2016, sur un an, l’Auvergne a exporté (hors matériel militaire) pour 516 millions d’euros avec le RoyaumeUni et importé 245 M€. Pour l’export, c’est un peu plus de 7 % du volume global, soit presque autant qu’avec les ÉtatsUnis, l’Espagne ou l’Italie. Mais tous les départements n’ont évidemment pas le même volume d’échanges. Dans le PuydeDôme, qui pèse 60 % des exportations auvergnates globales, le RoyaumeUni représente 5,6 %. Et en HauteLoire (26 % du volume global), la part britannique monte à près de 20 % avec la filière plasturgie.
L’incertitude qu’ouvre le Brexit pèsera donc plus ou moins mais elle est réelle et subira les fluctuations prévisibles du cours de la livre sterling. Elle perdurera durant la renégociation attendue des accords commerciaux bilatéraux. À quelle échéance ? Avec quelles modalités ? Tout est à redéfinir.
« Le Brexit ne change pas nos plans »
Cela ne décourage pas Marco Da Cruz, PDG de Hair Design, qui envisage d’étendre son activité (vente en ligne de matériel de coiffure) au RoyaumeUni, et entend garder le cap. « On envisage d’implanter une structure sur place. Le Brexit ne change pas nos plans. On verra si les futurs accords ajoutent de la complexité à notre marché. »
À l’opposé, cela pourrait impacter aussi, insisteton à l’Agence régionale de développement économique, les investissements britanniques en cours et à venir dans les territoires auvergnats.
En 2015, 80 projets ont été recensés. Le Brexit pourrait les freiner, voire remettre en cause les implantations à dominante britannique déjà réalisées sur nos sols. Et menacer les emplois concernés.
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